Un joli documentaire vu à la télé, un vieux guide déniché chez un bouquiniste (Bulgarie, bibliothèque du voyageur chez Gallimard, 2009), un roman de Kapka Kassabova (Lisière), et pourquoi pas la Bulgarie ? Départ prévu début septembre une fois établi l'inventaire des principaux centres d'intérêt que nous relierons par des chemins buissonniers.
Traversée Ancône-Igoumenitsa sans histoire, sur un petit ferry qui en a vu d'autres. Cabine ambiance chambre froide, ventil' à fond pour cause de Covid, matelas à amnésie de forme, oreillers remplis de sciure... on se glisse dans des draps qui fleurent bon la javel sous une couverture en papier buvard. La douche est soit brûlante soit brûlante. Mais "ça fait la job" comme disent les Québécois.
Igoumenitsa. On trace direct vers la frontière en passant à travers les montagnes par des tunnels si longs qu'il fait encore jour quand on y rentre et déjà nuit quand on en sort. Bivouac tranquille au bord d'une rivière au moment où les étoiles commencent à s'allumer. En partant le lendemain matin on avise un panneau qui signale la présence possible d'ours : si je l'avais vu hier soir en arrivant, est-ce que j'aurais autant insisté pour qu'on mange dehors ?
On reprend l'autoroute, on passe Thessalonique, ses usines monstrueuses et la pollution qui va avec, puis on passe la frontière et on bifurque direct sur des petites routes qui sillonnent les vignobles. Le relief est plus doux, moins abrupt qu'en Grèce.
On traverse de petits villages, atmosphère paisible, maisons de briques rouges et de pisé, jardins fleuris, et on se dirige vers Melnik et ses « pyramides », formations rocheuses particulières.



On zappe Melnik, ses auberges pour touristes et ses parkings à bus pour enquiller une piste qui longe les contreforts du Pirin côté sud. Des vues sympas, un coin à pique-nique où Pierre regarde la télé sur écran panoramique en changeant de chêne de temps en temps



La piste s'étire interminablement dans la forêt, et soudain au détour d'un lacet apparaît un village improbable comme sorti d'un autre espace temps. Cette vieille femme assise immobile contre le mur de sa maison est-elle réelle ou est-ce une peinture de Banksy ?






On retrouve le goudron et on met le cap sur Bansko, station de ski réputée. C'est le grand écart facial après le village fantôme !!! On se croirait en Autriche ! On se pose sur le parking avant le dernier refuge pour aller marcher demain et voir les lacs de montagne. Le resto est encore ouvert. Il fait froid. Il est tard. Les tables sont dehors, mais le barbecue fume et répand dans l'air de délicieuses odeurs de viande grillée. La salade est énorme, la viande juteuse, le pain moelleux et chaud, parfumé à l'aneth et badigeonné d'huile qui dégouline sur le menton quand on mord dedans. Les mains gelées, le nez qui goutte, on retourne au camion repus en finissant d'essuyer machinalement nos doigts graisseux au fond des poches de nos blousons.
