Bonjour à tous !
Le moment est venu d'écrire le dernier couplet de cette bal(l)ade mauritanienne.
Retouratar - 11 novembre
La lune a toujours un œil sur notre joli bivouac sous les palmiers lorsque nous nous remettons en route. Nous continuons la piste pour parvenir à Rachid par l'oued. Remontée sur le goudron par une ruelle à circulation alternée, un jeune plein de bonne volonté nous guidant par gestes façon histoire sans paroles !!!
Histoire de ne pas rentrer directement à Atar, nous pensons faire un dernier bivouac dans la vallée de Timinit, en bas de l'oasis de Berbera.
De nombreuses échappatoires sont nécessaires pour contourner les radiers emportés par l'eau et le lac qui sépare désormais Atar de Tidjijka, déjà rencontré à l'aller et dont le niveau n'a pas baissé. Timinit nous réserve son lot de surprises, radier emporté dont il ne reste plus que la moitié et route disparue sur une centaine de mètres, laissant une faille d'une dizaine de mètres de profondeur et une dernière plaque de goudron en équilibre façon tabulaire... Contournement par une zone sablonneuse en montée, délicate à négocier avec des pneus gonflés pour le goudron. Un vent terrible à nous mettre la tête derrière devant nous fait renoncer au bivouac dans les dunes, et nous mettons le cap sur Atar
Nous sommes à Atar en fin d'après-midi. Tout seuls à l'auberge où Justus n'est toujours pas là. Le colis est bien arrivé depuis le 4 novembre et je tiens à dire un grand merci à Mohamed qui s'est occupé de le faire dédouaner à Nouakchott et rapatrié à Atar par taxi bus. Un homme de confiance à l'humour très subtil, bonne chance à lui pour l'épicerie qu'il souhaite monter en face de l'auberge
Nous partons de bonne heure le lendemain matin, pour la sonnerie du réveil le choix est vaste, braiements, muezzin ou coqs, le groupe électrogène est toujours là, les criquets ont disparu et les moustiques, qui devaient savoir qu'on reviendrait, nous attendaient
Un pique nique sur la route pour voir les derniers cordons de l'Amatlich (bon c'est plus tout à fait l'erg, mais on va pas ... ergoter

), puis c'est Akjoujt, remarquable pour ses trottoirs à bordures bicolores et ses feux à allumage tricolore mais dont tout le monde se fout éperdument... et enfin Nouakchott et le camping proche du marché aux poissons où notre arrivée a été annoncée, je dis ça, je dis rien

, y en a qui se reconnaîtront. Nous n'avions pas plus tôt posé les roues sur notre emplacement que la photo partait déjà en France pour confirmer notre arrivée et revenait sur notre propre téléphone dans la foulée !!! Le téléphone arabe à l'heure d'internet !!!
La plage de Nouakchott un samedi en fin d'après-midi, enfants qui jouent dans les vagues d'un côté, pêcheurs de retour de la pêche de l'autre. De jeunes garçons font des pompes, les filles font des selfies en maillots de bains, sur le kanoun la théière bouillonne, la petite vendeuse propose des bananes et des oranges, un mari offre un tour à cheval à sa femme qui n'arrive pas à s'installer sur la selle, perdue dans ses voiles... il fait bon, la brise a un goût salé. Oubliée la ville traversée juste avant, ses monceaux d'ordures partout dans les rues, ses restaurants sur 1 bidon renversé, la chèvre pour la grillade pendue à son crochet, sa circulation anarchique mais sans agressivité, ses épaves roulantes. J'aime toujours autant Nouakchott et je ne sais toujours pas pourquoi...
Ce soir restaurant du camping directement sur la plage, la friture mixte est succulente. Des familles entières descendent passer la soirée sur le sable, équipées de tout le matériel nécessaire, kanoun et charbon de bois, glacières, bonbonne d'eau, victuailles en tous genres. Une bouffée de fraîcheur bienvenue pour échapper au centre ville qui suffoque.
Le jour se lève quand nous quittons Nouakchott, la ville est déserte en ce dimanche matin. Nouakchott, ça grouille de vie avec des moyens de rien du tout, c'est un mélange indescriptible, c'est l'élégance altière des Sénégalaises contre l'effacement brouillon des Mauritaniennes, c'est l'élite grasse et bien nourrie contre les pauvres hères de la rue, c'est l'activité intense du port contre le vendeur de cigarettes assis au carrefour, c'est le puissant relent du poisson mêlé à l'océan contre l'odeur de la viande de chèvre grillée mêlée à la poussière du trottoir, c'est l'avenue aux 1000 réverbères qui mène à l'aéroport contre les rues bordées de tas d'ordures, Nkt c'est indescriptible car ça ne ressemble à rien et pourtant c'est unique. La ville disparaît bientôt avalée par la plaine et le goudron rectiligne. Pincement au

...
Pas de dimanche à Chami. Encore un petit village de pêcheurs les premières années où nous sommes venus, c'est aujourd'hui un supermarché pour le matériel des chercheurs d'or. On se croirait dans une ville champignon de l'ouest américain !
Après des kilomètres sans autre végétation que de rares buissons d'épineux, nous trouvons enfin un arbre digne de ce nom et qui fera plus d'ombre que les cailloux. Las !! Pas plus tôt installés, nous sommes rejoints par deux véhicules arrivant en sens inverse qui eux aussi avaient repéré l'acacia depuis le fin fond de l'horizon. Une bande de jeunes très sympas, partis équipés de leurs rêves et la fougue de leur jeunesse à la conquête de l'Afrique.
La frontière est déjà là. L'horizon sur les rails est resté vide. Même le train n'a pas voulu nous dire au-revoir
A la frontière nous retrouvons par hasard Christine et Eric rencontrés l'an dernier et de retour du Sénégal. L'occasion d'un bivouac ensemble pour faire vivre encore un peu le voyage de chacun.
Et voilà. C'est fini. Remontée du Maroc sans relief avec encore dans les yeux le sable des oueds, et l'eau des gueltas, encore un peu du chant des grillons accroché dans la cabine, et surtout encore l'odeur de la piste imprégnée dans tous les recoins...
Merci à tous de nous avoir suivis, belle soirée à vous.
Annick